Des couleurs criardes, un rêve américain qui vire systématiquement à l’homicide volontaire, le tout livré à la pointe d’un feutre aussi fou qu’un violon de chez Lovecraft, Xavier de Kepper dessine comme les Red Hot Chili Peppers font leurs albums : en une seule prise.
L'artiste XDK, alias Xavier de Kepper, est un feutriste autodidacte né à Bayonne au cours d’une certaine année que, "pour des raisons rigolotes", il ne précise pas. Ne lui demandez pas sa formation, il n’a "que des déformations". Mais si, en dépit du bon sens, vous poussez plus loin les questions sur le processus créatif, il vous répondra : "le dessin est le brouillon et vice-versa."
Xavier de Kepper : "Depuis 2019, j'ai ressorti mes feutres pour dessiner à fond. Un besoin vital de retrouver une certaine fraîcheur de l'enfance. Un côté maladroit, vite fait. J'ai une idée, je n'attends pas."
Comme dans un cauchemar télévisuel des années 80, Terminator côtoie Freud qui fait de l’œil à Freddy Krueger tandis qu’un clown partage une gentille petite prairie avec Predator et, au fond, tout là-bas, un camembert Président fond sur le capot de la 205 de Mamy Jacqueline.
XDK : "Ces derniers temps, je compose mes dessins comme des collages. Je trouve deux, trois éléments. Décors, personnages, action. Ensuite, je rassemble le tout, je raconte une histoire et je vois où elle retombe. Créer le choc entre trois éléments maximum est une bonne gymnastique."
XDK : "En ce moment, je dessine et j'installe des jouets dans mon jardin. Aucun objectif à cet instant. Je vais jouer comme quand j'étais gosse et là encore, je verrai où cela me mène."
Côté matériel, Xavier de Kepper explique : "C'est assez basique. J'utilise les feutres de mon enfance et de nouveaux feutres de diverses qualités. L'objectif est toujours de garder un esprit fondamentalement bien fait/mal fait."
Beaucoup de ses œuvres ont été réalisées pendant les confinements sanitaires depuis 2020 et déploient un humour grinçant comme un clic-clac dans une maison de vacances abandonnée. Le genre de maison où l’on se plaît à visionner 25 fois des VHS neigeuses pour tromper l’ennui des chaînes d’actualité en continu.
Comme un véritable outsider, Xavier de Kepper auto-publie son travail. Son livre Orgasme Nasal (Chronologie d’une histoire rassemblant 87 dessins aux feutres, commencée le samedi 11 Janvier 2020, terminée le dimanche 24 Janvier 2021) est épuisé pour le moment. Mais on trouve toujours de belles cartes postales envoyées depuis les tréfonds fluorescents de la science-fiction sur son site web.
XDK : " Il y a quelques jours , j'ai donné un exemplaire de mon livre aux voisins, un couple d'une soixantaine d'année.
Le lendemain, je reçois un sms de leur part me disant qu'ils avaient laissé un sac à côté de mon portail. Vite, je me rue dehors pour le récupérer car il neigeait abondamment. Je le prends et le pose sur la table de la cuisine. Dans le sac, il y avait une vingtaine de poireaux de leur jardin, de la confiture de potirons maison, une boîte de pâté maison, une boîte de terrine au saumon pour chat (bio-100gr) et un objet empaqueté de papier kraft avec marqué dessus "clin d'œil". J'ouvre le paquet et je vois un rouleau de papier WC.
À cet instant, j’ai éclaté de rire.
Ensuite, j'ai pleuré".
À grand malade, grand malade et demi : XDK nous recommande l'œuvre de son ami Alex Less rencontré au Vietnam au cours d’une résidence artistique. Il dit de lui que "sa curiosité en fait une des personnes les plus humaines" qu’il ait rencontrées ces dernières années.
Et voilà votre route des vacances, merci Xavier de Kepper !